La chasse aux rumex : démo de l’appareil ARA

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Les 18 et 19 octobre dernier, deux démonstrations de l’appareil ARA ont eu lieu à Aujols près du Vibal, et à Goutrens. Cet appareil est conçu et développé par le constructeur Suisse Ecorobotix et diffusé par Stecomat. Sur ces deux rencontres, plus de 70 participants sont venus découvrir les possibilités offertes par les nouvelles technologies en agriculture. En effet, la reconnaissance des plantes permet d’envisager de nouvelles façons de travailler, comme ici pour le désherbage ciblé des rumex et des chardons sur prairie, mais il peut également trouver d’autres applications sur des cultures. L’objectif est de réduire la quantité de produit utilisé et de maintenir une flore variée dans les prairies.

Comment ça marche ?
La machine d’une largeur de travail de 6 m, dispose de 3 modules identiques dont 2 sont repliables pour le transport. Ils comportent chacun deux caméra 3D et une rampe à buses. Ces dernières vont réaliser 40 images par seconde de la végétation, et grâce à l’intelligence artificielle, vont analyser ces données pour identifier les espèces recherchées. Ensuite un ordinateur va commander individuellement chaque buse, pour cibler le désherbage sur les plantes repérées. Cette approche change les façons de travailler et de voir les choses. Tout d’abord, au niveau de la préparation de la bouillie, habituellement c’est la surface de la parcelle qui définit le volume de matière active et d’eau à appliquer. Avec la pulvérisation ciblée, on ne connait pas à l’avance la surface que représentent les adventices qui vont être traitées. Pour cela, il est conseillé d’effectuer un échantillonnage sur la parcelle, en activant uniquement les caméras et  en passant par exemple sur une dixième d’hectare, dans une zone représentative en termes de présence de rumex. Ceci va permettre, selon la densité des rumex, d’évaluer la surface à traiter et de définir la quantité de bouillie à préparer.

La machine a pu fonctionner en condition réelle en dehors de la démonstration. Dans une parcelle de plus d’un ha où il y avait des pieds de rumex éparpillés un peu sur toute la surface, la quantité de bouillie consommée  été de moins de 5 litres alors qu’elle aurait été d’environ 200 litres pour un passage en plein, pour un dosage proportionnellement équivalent de matière active !       

Au regard des premières observations sur la parcelle, les rumex sont bien ciblés, même s’ils sont petits ou recouverts de quelques feuilles d’autres espèces, exceptés quelques bouts de feuille de pissenlit qui ont été touchés. Certaines feuilles de rumex, tachées et enroulées n’ont pas été ciblées. La vitesse d’avancement conseillée est de 7.5 km/h, car le pulvérisateur, fonctionne à pression constante de 3 bars, et délivre un débit constant de pulvérisation. A cette vitesse et selon la configuration des parcelles, le rendement de chantier est estimé entre 3 et 4 ha/h. La puissance demandée est faible, il est juste nécessaire de pouvoir porter l’outil et d’avoir un relevage avant avec une ligne hydraulique. La prise de force entraine une génératrice qui alimente deux batteries de 12 V pour le fonctionnement des caméras et du dispositif de commande. On peut travailler en régime économique de prise de force et limiter ainsi les consommations de carburant. Le pulvérisateur est lui entrainé par le circuit hydraulique du tracteur, (débit 35 l/min), et relié à la rampe située à l’arrière de la machine, à l’aide deux tuyaux pour la circulation en continue. Toutes les fonctions sont disponibles sur une tablette amovible, que l’on programme avant le début du chantier et que l’on installe ensuite en cabine. On y trouve les informations sur les chantiers réalisés, surface réellement traitées, volume de bouillie utilisé, cartographie de la parcelle et impact des plantes repérées. Elles sont également disponibles sur la tablette ou application smartphone, car la machine est connectée et peut être mise à jour à distance, pour lequel un abonnement est nécessaire. Si le tracteur n’est pas équipé de dispositif de guidage, il faut prévoir un jalonnage, car il n’est toujours facile de repérer le passage précédent quand la végétation est basse. Nous disposons à ce jour de peu de recul sur cette technique en général et cet outil en particulier, mais les premières impressions laissent penser qu’il peut trouver sa place sur prairie en Aveyron. Par ailleurs, on peut envisager une application sur culture, car il est possible à l’inverse de préserver une espèce, par exemple maïs, betterave… et de cibler la pulvérisation sur toutes les autres plantes. On peut aussi imaginer de faire un rattrapage sur une zone ou un désherbage a échoué, ou partiellement sur des repousses aléatoires dans une culture, ce qui engendre une réduction importante de la quantité de produits utilisé et donc des IFT. Le tarif annoncé est conséquent, il nécessite de bien penser un tel projet d’investissement, sans doute à plusieurs Cuma ou en inter Cuma.